Restauration (écologique, hydromorphologique)
Laurent Schmitt, professeur - Université de Strasbourg, CNRS
La restauration écologique est l'ensemble des mesures visant à améliorer la qualité et le fonctionnement écologique d’un milieu « naturel » dégradé par l’action anthropique. On parle parfois aussi de renaturation.
Par exemple, en Europe, la directive-cadre sur l’eau 2000/60/CE a apporté une forte impulsion dans le domaine de la restauration des rivières, lacs et eaux souterraines en fixant comme objectif l’atteinte du « bon état écologique » en 2015, avec la possibilité de reports en 2021 voire 2027. La restauration des rivières porte essentiellement sur les processus physiques (hydromorphologiques), qui sont le support des habitats et de la biodiversité : augmentation des débits en aval de barrages, remise en eau d’anciens bras latéraux, ré-inondation de compartiments de plaines alluviales, introduction de sédiments dans le chenal, rétablissement du libre déplacement des poissons par l’arasement de seuils, etc. (Arnaud et Schmitt, 2018).
La restauration écologique pose toujours la question de l’état de référence, c’est-à-dire de l’état antérieur auquel on souhaite revenir. L’écosystème produit par la restauration est souvent, voire toujours, un écosystème nouveau : c’est une synthèse de plusieurs états antérieurs, résultant d’un compromis entre les acteurs de la restauration, et entre ces derniers et les autres usagers du milieu, et réalisé dans des conditions techniques données en fonction d’une demande sociale. L’exemple de l’île de Tiritiri Matanga en Nouvelle-Zélande est révélateur : la restauration écologique de la forêt et la réintroduction d’espèces ont donné naissance à un nouvel écosystème dans le cadre d’un programme national (Poiret, 2025). Certaines espèces introduites dans une optique de préservation d’espèces endémiques néo-zélandaises n’ont jamais été présentes sur l’île par le passé. Par ailleurs, la réussite du programme de restauration repose sur une gestion très interventionniste, notamment le soin et le nourrissage prodigués aux espèces introduites, des oiseaux majoritairement (ibid.).
Fanny Arnaud et Laurent Schmitt, mai 2018. Dernières modifications (JBB), novembre 2025.
Références citées
- Arnaud Fanny et Schmitt Laurent (2018), « Reconstituer le Rhin disparu », carte à la une de Géoconfluences, mai 2018.
- Poiret Andréa (2025), « Un exemple de restauration écologique fondée sur la réintroduction et l’interventionnisme, l’île de Tiritiri Matangi (Nouvelle-Zélande) », Géoconfluences, novembre 2025.
Pour compléter avec Géoconfluences
- Léa Paly, « Zones humides du littoral atlantique français, des patrimoines hybrides à la lumière de la démarche géohistorique », Géoconfluences, novembre 2024.







