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Changement environnemental global, changements globaux

Publié le 06/02/2025
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Le changement global est la traduction de l'anglais global change désignant le changement des conditions climatiques dans l'atmosphère terrestre liées aux activités humaines. Il est, à l'origine, une alternative à l'expression réchauffement climatique ou réchauffement global (global warming). L'expression « changement global » apparaît en même temps que celle de « limite de la croissance », dans la décennie 1970 (Buttel, Hawkins et Power, 1990). La revue anglophone intitulée Global Environmental Change a publié son premier numéro en 1990 avec des articles tels que « L'humanité dans la biosphère » ou « La déforestation tropicale » (en anglais).

En français, l'expression a progressivement glissé vers un sens plus large pour désigner tous les changements imprimés aux écosystèmes par l'anthropisation, dans le cadre plus général de l'avènement d'un Anthropocène, une ère géologique dans laquelle les sociétés humaines transforment de manière irréversible leur environnement. L'une des composantes fondamentales du changement global est la rapidité avec laquelle se déroulent les processus, ce que souligne l'idée d'une grande accélération. L'usage du pluriel est de plus en plus fréquent : changements globaux permet d'insister sur l'aspect multiforme de ces changements et de ne pas les réduire au seul changement climatique, et d'inviter à une approche systémique. Les premiers articles scientifiques de géographie francophone employant l'expression au pluriel dans leur titre datent de la décennie 2010.

Michel Lussault (2024, p. 13), définit le changement global, au singulier, comme « la relation systémique entre quatre phénomènes : le réchauffement climatique et ses multiples effets ; l’épuisement des ressources (…) ; la réduction rapide de la biodiversité ; la modification inédite des métabolismes de grands systèmes biotiques et abiotiques (sols, océans, eaux) en raison à la raison des trois premières évolutions et des impacts des activités humaines (…) ».

Les changements globaux sont multiscalaires par essence. Si les questions climatiques et environnementales sont globales et appellent à des réponses collectives à l'échelle de l'humanité, telles que les conférences des parties (COP), les changements dont il s'agit sont nécessairement différenciés selon les espaces et les sociétés qui les habitent, et se traduisent par des facultés de résilience et d'adaptation qui sont variables. L'étude des changements globaux se place dans le champ de la démarche prospective dans la mesure où elle s'appuie sur des diagnostics des territoires locaux d'une part et des scénarios prospectifs d'autre part.

Le changement global est entré dans les programmes scolaires français en 2015. En classe de cinquième, le thème 3 s'intitule « Prévenir les risques, s'adapter au changement global ». Le programme précise en colonne de droite : « Ce thème doit permettre aux élèves d'aborder la question du changement global (changement climatique, urbanisation généralisée, déforestation...). Il permet d'appréhender quelques questions élémentaires liées à la vulnérabilité et à la résilience des sociétés face aux risques, qu'ils soient industriels, technologiques ou liés à ce changement global. » Aux thèmes cités, on peut ajouter les questions de l'agriculture et des sols, de l'eau, de l'épuisement des ressources minérales, de la surpêche, de l'érosion de la biodiversité, et des risques sanitaires et épidémiologiques. L'agriculture est ainsi un puissant facteur de changements globaux, et certains auteurs suggère qu'avec l'« agriculturisation » (Arnaud de Sartre, 2016) du monde, elle est en elle-même un changement global (Dallier, 2022).

La notion peut aussi être critiquée. Sa vocation englobante tend à en réduire la portée en permettant d'y inclure toutes les thématiques environnementales à l'échelle mondiale, ce qui en ferait un concept fourre-tout. Cette dérive est accentuée par le fait que la notion, encore récente dans la recherche francophone, ne semble pas y être complètement stabilisée. Certains auteurs y voient aussi la manifestation d'un catastrophisme médiatique peu étayé, voire d'une vision eschatologique hostile au progrès. La notion a au moins le mérite de placer la géographie et ses démarches, systémiques et multiscalaires, au centre de l'étude des relations entre environnements et sociétés.

(JBB) mars 2017. Dernières modifications : novembre 2020, juillet 2023, février 2025.


Références citées
  • Arnauld de Sartre, Xavier (2016). Agriculture et changements globaux : expertises globales et situations locales. Bruxelles, Peter Lang, coll. EcoPolis, 2016, 204 p.
  • Buttel Frederick H., Ann P. Hawkins and Alison G. Power (1990). "From limits to growth to global change. Constraints and contradictions in the evolution of environmental science and ideology", Global Environmental Change, 1: 1, 1990, pp. 57-66.
  • Dallier Élise (2022), « L’agriculture, facteur de changements globaux », in Libourel Éloïse et Gonin Alexis, Agriculture et changements globaux, Atlande.
  • Lussault Michel (2024), Cohabitons ! Pour une nouvelle urbanité terrestre, Seuil, coll. « La couleur des idées », octobre 2024.

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