Soupe de plastiques, "continent" de plastique
L’expression « soupe de plastiques » désigne une zone d'accumulation de déchets flottants dans la mer ou l’océan. La première a été découverte dans l’océan Pacifique en 1997 par l'océanographe américain Charles Moore et est aujourd’hui connue sous le nom de « grande zone de déchets du Pacifique » (Great Pacific Garbage Patch). Si sa taille exacte est encore discutée (d’une à six fois la superficie de la France !), elle fait partie des plus vastes zones d’accumulation de déchets flottants du monde et est souvent citée en exemple par les ONG qui dénoncent la pollution des mers et des océans. Sous l'effet du tourbillon (ou gyre) du courant subtropical du Pacifique Nord, les déchets s'accumulent en effet dans cette zone à l'écart des routes commerciales et des zones de pêche. Des zones de déchets similaires ont maintenant été observées dans d'autres océans : on compte cinq gyres (Pacifique nord, Atlantique nord, Pacifique sud, Atlantique sud, Indien sud), et des concentrations en Méditerranée, dans les Grands Lacs américains. Au total, selon une étude internationale publiée le 10 décembre 2014, la pollution de la surface de l'ensemble des mers par les débris plastiques s'élèverait à 269 000 tonnes constituées de plus de 5 mille milliards de particules de toutes tailles. Il faut y ajouter tous les débris non-flottants, tombés dans les fonds océaniques.
Cette concentration de déchets constituée pour 90 % de plastique est connue dans les médias sous le nom de « continent de plastiques », parfois « septième continent » ou « huitième continent ». En fait, il s'agit d'une soupe de plastique constituée de macro-déchets et surtout de petits morceaux de plastique fractionnés ainsi que de granulés de plastique. La couleur translucide de cette soupe la rend non détectable sur les images satellites, mais elle est bien visible des bateaux. On estime que sur les 288 millions de tonnes de plastique produits par an, environ 7 millions finissent dans les océans pour constituer 90 % de la pollution marine. La majeure partie de ces plastiques a été abandonnée sur la terre ferme, loin des littoraux, et ils ont rejoint l’océan mondial portés par le vent ou les cours d’eau.
Le temps nécessaire à la dégradation de ces plastiques (estimé entre 500 et 1000 ans) et la toxicité des éléments qui les composent pour la chaîne alimentaire posent un problème environnemental redoutable. Mais la localisation de ces déchets en haute mer rend difficile la prise en charge du nettoyage.
(MCD), décembre 2014. Dernière modification (JBB) en janvier 2018.
Pour compléter
Mise à jour des liens par (LF) en 2021.
- Une vidéo Arte Future sur YouTube :
- Nathalie Gontard, « Déchets plastiques : la dangereuse illusion du tout-recyclage », The Conversation France, 28 janvier 2018.
- Le Monde, 10 décembre 2014 : « 269 000 tonnes de déchets plastique flottent sur les océans »
- Sur le site de la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) : le Great Pacific Garbage Patch
- « Plastic debris in the open ocean », Proceedings of the National Academy of Sciences of the USA, juillet 2014
- L'expédition « 7e continent » menée par les Français : le site de l'"expédition 7e continent" pour sensibiliser le grand public.
- Les conséquences et les solutions aux "continents" de déchets plastiques dans les océans, juin 2014, notre-planète.info
- The Ocean Cleanup, le site de Boyan Slat, jeune Néerlandais qui propose une solution pour piéger le plastique à l'aide des courants marins.