Tourisme de masse

Le tourisme de masse est historiquement le troisième système touristique à s’être développé, après le tourisme artisanal et le tourisme industriel. Il met en œuvre des flux inégalés, mais il se caractérise aussi par une grande diversité. On parle donc souvent d’un tourisme de masse individualisé ou d’un tourisme de masse diversifié.

L’idée d’un tourisme de masse rend compte de la formidable croissance de ce secteur au cours du siècle écoulé : 10 % du PIB et des emplois dans le Monde, 1 nouvel emploi sur 5 créé dans le Monde entre 2014 et 2019, 1,5 milliard d’arrivées internationales en 2019, etc. Tous ces chiffres, tirés de Knafou et Fournier (2023), sont ante covid, mais les auteurs précisent que, pour le tourisme, la crise est déjà passé et les chiffres d’avant pandémie devraient bientôt être à nouveau dépassés. En dépit des conséquences environnementales désastreuses d’une telle croissance (ibid.), l’émergence de nombreux pays, et plus généralement l’essor d’une classe moyenne mondiale, devrait confirmer cette tendance sur le long terme.

Contrairement à ce que l’expression peut laisser supposer, le tourisme de masse n’est pas (ou pas seulement) un tourisme moutonnier impliquant des marées humaines se rendant périodiquement aux mêmes endroits. Au contraire, chaque touriste s’attend à une expérience individuelle unique, à des services personnalisés, et à une distinction de ses pratiques par rapport à celles des autres touristes.

Ainsi, alors que le tourisme industriel se concentrait dans une liste de destinations relativement circonscrite, le tourisme de masse concerne tous les lieux du Monde et toutes les saisons : à l’échelle mondiale, peu de lieux échappent à la mise en tourisme, selon une variété de processus et de logiques internes presque infinie, qui vont de l’observation des baleines en Islande (Delmas et Guillaume, 2018) à l’urbex dans les villes en déclin (Le Gallou, 2021) du tourisme morbide sur la ligne de démarcation entre les Corées (Mazzero et Oulkebous, 2023) aux lodges de luxe en Antarctique (Knafou et Fournier, 2023).

(JBB), janvier 2024

Références citées

• Delmas Antoine et Guillaume Jacques, « La chasse des cétacés, révélatrice des rapports multiples de l’Humanité avec la Planète océane », Géoconfluences, décembre 2018.
• Knafou Rémy et Fournier Carine, « Le système touristique mondialisé en question », Géoconfluences, novembre 2023.
• Mazzero Hugo et Oulkebous Leila, « Visites organisées de la zone démilitarisée entre les deux Corées : un exemple de "tourisme sombre" », Géoconfluences, mars 2023.
• Le Gallou Aude, « Explorer les lieux abandonnés à Détroit et à Berlin : tourisme de l’abandon et trajectoires patrimoniales », Géoconfluences, juin 2021.

Pour compléter avec Géoconfluences

• Mathilde Bielawski, « L’inscription au patrimoine mondial de l’île de Djerba, révélatrice des problèmes de gouvernance postrévolutionnaire en Tunisie », Géoconfluences, avril 2024.
• Andréa Poiret, « L’essor touristique sur le temps long d’un site aujourd’hui inscrit au patrimoine mondial, le fjord de Geiranger (Norvège) », Géoconfluences, janvier 2024.