Géopolitique des jeux d'argent : la mondialisation sur le tapis

Publié le 01/02/2022
Auteur(s) : Boris Lebeau, maître de conférences en géographie - université Sorbonne Paris Nord
Marie Redon, maîtresse de conférences en géographie - université Sorbonne Paris Nord

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Avec un poids économique comparable à l'industrie de l'armement, les jeux d'argent sont un révélateur de la mondialisation. La géographie des casinos recoupe à la fois celle du tourisme et de la finance. Souvent à la limite de l'informel et de l'illicite en raison du contrôle très différent exercé par les États (de la tolérance à l'interdit en passant par la taxation), les jeux d'argent sont aussi un exemple d'exploitation du différentiel frontalier. C'est enfin une illustration de la mondialisation des pratiques avec l'explosion des jeux en ligne et des paris sportifs.

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Aborder les jeux d’argent par la géographie apporte un éclairage spécifique à la complexité d’une mondialisation qui agit autant comme un processus de convergence que de différenciation du monde. Du côté des convergences, on note un affaiblissement croissant des prohibitions encadrant l’activité, en même temps qu’une tendance à la concentration des opérateurs de jeux dans le cadre d’une circulation accrue des capitaux à travers le monde. Dans le même temps, largement encadrés par les États, qui continuent d’exercer leur souveraineté sur un secteur considéré comme relevant de leur sûreté (les casinos sont interdits dans 86 pays), les jeux d’argent se développent selon des contextes juridiques et culturels singuliers, donnant lieu à des processus de différenciation spatiale aussi nombreux que complexes. Aussi, entre affirmations des souverainetés nationales et logiques réticulaires des acteurs, se dessine une géopolitique aussi discrète que subtile où, peut-être plus qu’ailleurs, les effets de frontière, voire les logiques d’évitement (dans des territoires offshore) prennent une place prépondérante.

 

1. Ce que les jeux d'argent révèlent de la mondialisation, et de ses envers

Saisir les jeux d’argent par leurs espaces est une manière de considérer ces pratiques comme un objet de recherche matériel, tangible, au-delà des considérations morales. Établir une géographie des jeux consiste d’abord à mettre à jour des habitus sociaux aussi nombreux que méconnus. C’est aussi mettre en lumière des rapports de force géoéconomiques dans le cadre d’une internationalisation accrue des pratiques. C’est encore dessiner des circulations monétaires licites et illicites, ainsi que des alliances souvent discrètes entre opérateurs de jeu et gouvernements, le tout dessinant un monde aux frontières mouvantes entre droit, morale et profits.

1.1. Des logiques d’internationalisation

Pour estimer l’importance des jeux d’argent, commençons par quantifier ce qui peut l’être. Selon une étude de la banque d’affaires Morgan Stanley datant de 2014, les recettes annuelles mondiales des jeux d’argent seraient de l’ordre de 423 milliards de dollars. Passant sous silence les recettes des pratiques illégales, ce chiffre minore néanmoins le poids de l’activité qui pourrait atteindre, selon certaines estimations, 900 à 1 000 milliards de dollars, soit 1,18 % du PIB mondial ou l’équivalent de la moitié des dépenses d’armement dans le monde en 2020, ou encore un quart des dépenses mondiales consacrées à l’éducation… 

Document 1. Les jeux d'argent et les casinos dans le monde

jeux d'argent et casinos dans le monde

Cartographie : Laura Margueritte, Carto n° 66, © Areion/Capri, avec l’aimable autorisation de l’autrice et de la revue, tous droits réservés.

 

Sans surprise, la distribution du produit des jeux est étroitement corrélée à la taille des différents marchés. Avec 119 milliards de dollars dépensés en 2013, les États-Unis devancent la Chine, le Japon, l’Italie, l’Angleterre, l’Allemagne, la France… Ainsi, d’après les recettes officiellement déclarées par les États, 80 % proviennent de seulement 9 pays de l’OCDE et de la Chine.

Le diffuseur de données Statista estime qu’en 2020, les paris représentent 41 % du marché des jeux devant les casinos (25 %), les loteries (16 %), et le poker (7 %), les 11 % restant recouvrant une multitude d’autres jeux. L’importance croissante du secteur des paris sportifs traduit en partie l’inexorable montée en puissance des jeux en ligne (plus de 50 milliards d’euros d’activité en 2018) qui concurrencent à présent les traditionnels lieux de jeux comme les casinos ou les hippodromes. Cette hybridation entre réel et virtuel (Perrat, 2020), entre réseaux physiques et immatériels fait toute la difficulté, et tout l’intérêt, d’essayer d’établir une géographie des jeux d’argent, secteur qui exerce son influence sur les territoires autant par ses implantations matérielles que par les réseaux qui le structurent. 

 
Encadré 1. Du bookmaker aux jeux en ligne, une question de lieu

Si son usage s’est élargi bien au-delà de l’hippisme, le terme de « bookmaker » désigne, à l’origine, une personne dont le métier est d’accepter les paris à la cote dans les courses de chevaux et de les inscrire sur le « betting-book ». Grâce aux technologies alors nouvelles, comme le télégraphe, les années 1880 ont connu une importante expansion des possibilités de paris en permettant la communication entre le bookmaker qui était sur le champ de courses et celui du centre de Londres ou de Manchester. Toutefois, jusqu’à la légalisation du off-track betting en 1961, le street bookmaker, personnage familier dans tous les quartiers ouvriers, était illégal (Mcleod, 2004). On peut émettre l’hypothèse que le développement des paris dans le monde anglophone à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle allait de pair avec l’influence culturelle de la métropole sur les espaces du Commonwealth (Australie) mais aussi avec les possibilités techniques. Ainsi, le système des bookmakers et des paris clandestins s’est développé à Chicago dans les années 1920 par la mainmise sur les systèmes de transmission du résultat des courses à l’échelle nationale, principe qui permit la syndicalisation du crime à travers l’ensemble du pays (Browning, Gerassi, 2016).

Aujourd’hui, environ 800 sociétés hébergées dans 70 pays différents proposent plus de 4 000 sites de machines à sous virtuelles, 600 sites de jeux de casino en ligne, 300 de bingo en ligne, 260 de paris sportifs et 240 sites de poker en ligne (site Casino City cité dans « Tendances » n° 85, OFDT, juin 2013). Ce vaste marché s’est peu à peu mis en place à partir du milieu des années 1970, moment où l’essor des logiciels de jeux a conquis les « casinos terrestres », selon l’appellation que l’on trouve dans la littérature sur les jeux, pour progressivement remplacer les traditionnels « bandits manchots ».

Au début des années 1990, l’utilisation d’internet a permis de relier différents ordinateurs les uns aux autres à l’aide d’un serveur et de partager l’utilisation d’applications de jeux (Blanchard-Dignac, 2011, p. 27). Il a ensuite fallu l’instauration d’un cadre réglementaire pour que se développent ces jeux en ligne, et c’est l’État d’Antigua-et-Barbuda qui signa le premier accord de ce type. La « Free Trade and Processing Zone », lancée en 1994 a été la première juridiction offshore de jeu en ligne. La même année, un fournisseur de logiciels basé sur l’île de Man, de l’autre côté de l’Atlantique, a commencé à développer des logiciels en ligne.

Les jeux en ligne ont ensuite très rapidement trouvé une clientèle, d’autant qu’une entreprise fondée en Irlande a conçu dans la foulée un système permettant la vérification d’opérations financières sur Internet et des transactions virtuelles, ce qui permettait une sécurisation du système. Le premier casino en ligne, non « terrestre » donc, est apparu en 1996 sous le nom d’InterCasino et existe toujours, ouvrant la voie à l’ère des casinos virtuels ou numériques.

Références citées
  • Blanchard-Dignac Christian (2011), « La révolution numérique des jeux d'argent », Pouvoirs, n° 139, p. 25-38.
  • Mcleod Hugh (2004), « La religion et l’essor du sport en Grande-Bretagne », Revue d'histoire du XIXe siècle, 28/2004, p. 133-148.
  • Browning Frank & Gerassi John (2016), Histoire Criminelle Des États-Unis, Nouveaux Mondes éditions, 622 p.

 

Pourtant, quel que soit le secteur considéré, la mondialisation agit dans le sens d’une concentration des grands opérateurs de l’industrie du jeu qui sont le reflet des hiérarchies géoéconomiques mondiales. Du côté des casinos par exemple, de grands acteurs structurent l’activité. En France, on dénombre ainsi 4 opérateurs principaux qui représentent plus de 75 % du marché ; au niveau mondial, les opérateurs américains dominent : avec une capitalisation de 34 milliards de dollars, le groupe Sands devance la MGM (26 milliards) et Caesars (17 milliards). Les casinos étatsuniens sont étroitement articulés au monde de la finance ; des fonds d’investissement ont en effet récemment pris des parts dans la MGM, mais aussi le contrôle des activités du groupe Sands-Las Vegas, suite à la disparition de son fondateur Sheldon Adelson en 2021. Dorénavant, ces acteurs du jeu doivent faire face à la concurrence d’opérateurs chinois. Principalement basés à Macao et à Hong-Kong, leurs entreprises, qui s’implantent aujourd’hui en Afrique (Cap-Vert) ou en Asie (Philippines), sont étroitement liées au capitalisme étatique chinois. Ainsi derrière le groupe Galaxy Entertainment se cache l’une des principales entreprises du BTP chinoise. Dans ce paysage financiarisé, la France ne fait pas exception : le groupe Barrière, premier opérateur français avec 1,2 milliards d’euros de chiffre d’affaire en 2018, appartient à 40 % à la holding Fimalac.

Document 2. L’île de Man, paradis des jeux en ligne

De nombreuses entreprises spécialisées dans le jeu en ligne sont domiciliées sur l’île de Man, en mer d'Irlande, qui bénéficie d’une législation et d’une fiscalité avantageuses. Quelques casinos « terrestres » accueillent aussi les touristes qui séjournent dans les nombreux hôtels du front de mer.

 

Du côté des jeux en ligne, trois opérateurs (Playtech, Microgaming et NetEnt) se partagent le gros du marché mondial. Implantées sur l’île de Man, Microgaming et Playtech (entreprise cotée à la bourse de Londres et réalisant un chiffre d’affaire de plus d’1,2 milliards en 2020), sont la propriété de grands fonds d’investissements comme Vanguard, T Rowe Price International, Setanta Asset Management...

D'une manière générale, ces opérateurs de jeux tentent d’optimiser et de rentabiliser les technologies numériques tout en anticipant la concurrence que peut représenter le virtuel sur le réel.

1.2. Une mondialisation des pratiques de paris : miser en ligne sur le football

Les paris sportifs en ligne sont sans doute le segment du secteur des jeux d’argent qui illustre et incarne le mieux une forme de mondialisation des pratiques, avec une croissance massive ces dernières années : au troisième plan, après les casinos et la loterie en 2015 (28 %, toujours d’après l’étude de Morgan Stanley), il est désormais dominant avec plus de 40 % des paris enregistrés.

À la différence du pari mutuel (type PMU), les cotes sont élaborées par des bookmakers qui fixent à l’avance des cotes fixes, non influencées par les enjeux totaux. Il n’y a donc pas d’incertitude sur le montant des gains éventuels et la plupart des événements peuvent faire l’objet de paris, du sexe du dernier né de la famille royale britannique au résultat du referendum sur le Brexit en passant par les élections françaises ou américaines. L’incertitude est le fonds de commerce des bookmakers, à condition que l’alternative soit indiscutable dans son issue. Mais ce type d’événement n’est pas si fréquent, il y a finalement relativement peu d’imprévus pouvant faire l’enjeu de pari avec autant d’ampleur et de régularité que les événements sportifs.

Parmi eux, les matchs de football se prêtent d’autant mieux à la dissociation spatiale entre le lieu où se déroule le match et l’enregistrement des paris que l’on peut les voir sur les chaînes classiques, payantes, ou, assez facilement, sur internet. Les paris sportifs ont ainsi tendance à se dématérialiser puisqu’il suffit d’être connecté, par exemple grâce aux applications sur smartphone, pour parier sur un match, sans nécessité de se rendre dans un lieu dédié. L’omniprésence des annonces publicitaires pour ces nouveaux acteurs, avant, pendant ou après les matchs, dans la rue, à la télévision, dans les transports en commun est désormais banale. On parie principalement sur de grandes équipes liées aux pays européens dont l’influence économique et culturelle reste importante : le Barça ou l’équipe de Liverpool sont connues aux antipodes.

Se crée alors une double hiérarchie : non seulement entre les pratiques sportives sur lesquelles les paris se portent (pas de paris globalisés sur la lutte sénégalaise ou les courses de yacks), mais aussi entre les pays où se situent les grandes équipes « à paris », notamment celles du « Big Five », dénomination qui a émergé dans le monde du football européen il y a une vingtaine d’années pour désigner les cinq plus grands championnats du monde (Angleterre, Allemagne, Espagne, Italie, France), notamment la Premier League. La planétarisation des paris sportifs correspond indéniablement à une forme de globalisation, que bien des auteurs ont déjà traitée comme une forme de soft power.

 
Encadré 2. Jeux d’argent, mondialisation et frontières dans les programmes du collège et du lycée

Si des événements comme la Coupe du monde de football servent parfois de cas d’étude pour aborder la mondialisation ou la notion de soft power au collège ou au lycée (l’Afrique du Sud comme unique pays à avoir organisé les coupes du monde de rugby et de football, le Brésil et son soft power festivo-sportif…), les jeux d’argent permettent de relier deux thèmes majeurs des programmes scolaires : la mondialisation et les frontières.

En effet, si les « flux immatériels » sont souvent évoqués en classe, les jeux d’argent sont un très bon exemple de ces flux et une bonne illustration du fait que l’immatérialité repose toujours sur des choses très matérielles (choix des États, infrastructures, aménagements…). Comme il est indiqué dans la programme de géographie de la classe de première, « l’économie numérique élargit la diversité des espaces et des acteurs de la production » (thème 3) : les paris sportifs, reposant sur les TIC, sont assurément un des versants de la mondialisation économique du sport. Les centres de jeux et clubs de paris peuvent également être abordés en ce sens, tandis que les casinos ont leur place comme manière originale d’aborder les dynamiques économiques des espaces ruraux en France, les espaces productifs ou bien, plus globalement dans le thème du tourisme (en classe de quatrième, en lien avec la mondialisation) ou encore en classe de terminale, via les processus et acteurs de la mondialisation, en mettant en évidence la structure globale de cette industrie. Enfin, le jeu des acteurs privés avec les frontières et les différentiels de législation entre États est de nature à illustrer cette phrase du programme de spécialité « histoire, géographie, géopolitique et sciences politiques » en première : « Les élèves doivent percevoir que les frontières sont des zones de séparation et de contact, qu’elles sont ouvertes ou fermées, matérialisées ou non ».

L’étude de la mondialisation, au collège comme au lycée, repose sur l’opposition entre d’un côté, des marchés toujours plus intégrés, des échanges croissants par-dessus les frontières, et de l’autre le rôle toujours crucial des États, notamment par la régulation et la législation. Entre les deux se situent toutes les stratégies des acteurs privés, et en particulier des entreprises, pour faire jouer au maximum les différentiels frontaliers et les avantages comparatifs des espaces. Les jeux d’argent, comme le montre cet article, sont un exemple tout trouvé pour aider à comprendre cette opposition.

Notons que les élèves peuvent aussi être sensibles au fait que les jeunes sont, précisément, le public visé par les opérateurs de jeux en ligne, notamment les paris sportifs, et l’analyse de quelques publicités ne peut que faire appel à leur esprit critique. 


 

C’est ainsi qu’un nouveau type de mondialisation culturelle s’associe à une forme d’occidentalisation des pratiques de jeu. De plus, lorsque des courses ou des loteries s’internationalisent, c’est tout un ensemble d’infrastructures et de normes dans la façon de parier et de drainer l’argent qui sont aussi exportées. Les nouvelles technologies amènent donc à de nouvelles formes de jeux et de paris. Là où on se rendait sur le champ de course pour voir et parier « en vrai », on mise désormais derrière son écran… d’autant plus en période de confinement. Dans son bilan annuel, l’Autorité nationale des jeux (ANJ) française qualifie l’année 2020 de « tournant pour les jeux d’argent et de hasard en ligne », qui ont enregistré des performances « historiques » : le chiffre d’affaires a progressé de 22 % par rapport à 2019, pour atteindre 1,7 milliard d’euros.

La financiarisation et l’internationalisation croissantes des opérateurs de jeu, pour être réelles, masquent néanmoins la masse, notamment dans les Suds, des pratiques informelles qui, pour être moins renseignées, n’en demeurent pas moins nombreuses et variées.

1.3. Sous le tapis : illégalité et informalité des jeux d’argent

Si, à travers les jeux, s’exerce une forme de normalisation, la ligne séparant la sphère de l’activité légale de l’illégalité est toujours ténue en matière de jeu d’argent. Des pratiques de rachat de tickets gagnants à la sortie du bar-PMU, jusqu’au recyclage d’actifs douteux sous la supervision de l’État (Macao), tout le panel des pratiques obscures existe, dont le dénominateur commun est une forme de transgression (Bennafla, 2015).

La pratique du rachat de tickets gagnants, qui consiste à racheter un ticket à un parieur chanceux permet par exemple de justifier auprès des forces de l’ordre la possession de sommes en liquide. Elle est une des nombreuses pratiques de blanchiment qui existent autour de certains points de vente, comme nous l’avons notamment constaté dans le quartier de la porte de Montreuil à Paris, où existe un marché de recel de produits volés. En misant de petites sommes sur des courses de chevaux, en jouant à des loteries instantanées dans les « bar-PMU », ou bien en misant sur des matchs de football à l’issue presque certaine, il est ainsi possible de blanchir de petites sommes d’argent. On remarquera non sans ironie, que dans ce cas, les jeux d’argents permettent de « fiscaliser » une partie de l’argent issu des trafics, via les taxes que l’État prélève sur les paris et les opérateurs de jeux.

À une autre échelle, la Chine qui exerce un contrôle des changes très strict, interdisant aux ressortissants de sortir plus de 10 000 dollars par an sans déclaration préalable aux autorités, applique cette règle avec plus de souplesse à Macao, où aucun plafond n’est établi. En conséquence, les gros joueurs en provenance de Chine assureraient près de 70 % des revenus des casinos de Macao, alimentant ainsi les soupçons d’un blanchiment généralisé, pratiqué par les élites économiques et politiques. Un durcissement de ces règles en 2014 et 2015 s’était traduit par une baisse de 30 % des revenus des établissements, ce qui montre bien que le principe des vases communicants s'applique aux circuits financiers : ce qui se gagne ici est perdu ailleurs. 

Document 3. Une partie de la silhouette urbaine de Macao sur le lac Van Nam

skyline macau

Le casino MGM, le Lisboa et L’Arc appartiennent à des joint-venture liées à la famille du magnat Stanley Ho. Wynn et Wynn Encore appartiennent à l’entreprise Wynn, de Las Vegas. D’autres casinos font face à ce front de mer sur l’île voisine de Coloane, reliée par le pont du gouverneur Nobre de Carvalho, notamment le Venetian, appartenant au groupe Sands du magnat de Las Vegas Sheldon Adelson, lequel possède aussi le célèbre Marina Bay Sands de Singapour. Cliché de Kewl sous licence cc-by-2.0, datant de 2015, modifié par Géoconfluences en 2022. Voir l’original et la haute définition sur Wikimedia. Coordonnées géographiques 22°11'11.4"N 113°32'31.2"E. Liens : GoogleMaps | OpenStreetMap.

 
 
Encadré 3. Le pouvoir des magnats des jeux 

Avant sa mort en janvier 2021, Sheldon Adelson (18e fortune mondiale) était l’homme le plus riche et le plus influent du monde des jeux d’argent. Son groupe (Sands), présent à Las Vegas, Macao et Singapour est aujourd’hui encore le premier opérateur de casinos dans le monde. Principal financeur du parti républicain et des campagnes de Donald Trump, Adelson entretenait aussi des liens privilégiés avec le pouvoir chinois qu’il aurait aidé à obtenir les jeux Olympiques de Pékin (2008) ; aide qui lui aurait valu en retour l’obtention d’une licence à Macao et des conditions d’exercice particulièrement avantageuses. Proche également de Benyamin Netanyahou, propriétaire d’un quotidien israélien (Israel Hayom) et financeur de la diaspora juive, Adelson était aussi l’un des principaux instigateurs du déplacement de l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem. Cette figure du monde des jeux témoigne donc de l’influence dont jouissent certains magnats, et qui rendrait envieux bien des ministres des affaires étrangères ou même certains chefs de gouvernements. 

Document 4. Le mélange des genres : jeux d’argent et politique
 

Sheldon Adelson et Donald Trump, deux propriétaires de casinos, célèbres pour leur influence en politique, illustrent la collusion entre jeux d’argent et pouvoir politique. Adelson : cliché de Bectrigger, 2010, licence CC attribution de l’auteur, partage à l’identique. Trump : domaine public.


 

En Côte d’Ivoire, la Loterie nationale (Lonaci) lutte quotidiennement contre la loterie du Ghana voisin, illégale dans le pays. Dans la ligne de mire du gouvernement ivoirien, la forte prolifération des jeux de hasard illicites et clandestins qui fait perdre au Trésor public d’importantes ressources en termes de taxes, évaluées en dizaines de milliards de francs CFA. Parmi eux figurent, d’une part, les paris sportifs en ligne, mais surtout « le loto ghanéen », qui disposerait de près de 5 000 points de vente (tous illégaux, donc !) et réaliserait un chiffre d’affaires annuel de plus de 36 milliards FCFA (54 millions d’euros) en Côte d’Ivoire, soit un manque à gagner d’environ 1 milliard FCFA en termes de recettes fiscales pour l’État. Ce loto existe depuis la fin des années 1950 au Ghana ; déjà présent dans les zones frontalières depuis les années 2000, il s’est récemment développé partout en Côte d’Ivoire. Le secteur est organisé par des promoteurs privés appelés « parrains » ou « patrons », qui ont des représentants au Ghana et disposent d’un capital assez important pour confectionner les carnets de tickets et faire tourner l’activité, de part et d’autre de la frontière.

Lié au processus d’urbanisation et aux rapides évolutions socio-économiques du pays, ce jeu a pris une très forte ampleur avec la paupérisation des couches sociales relativement jeunes, gagnées par l’espoir d’un enrichissement rapide (Fall, Koffi-Didia, Redon, 2019). Souvent, ce sont d’abord de petits vendeurs de recharges téléphoniques qui se sont mis à vendre cette loterie, installés pour la plupart sur le trottoir, aux différents coins de rue des quartiers populaires et périphériques. Peu à peu, ce loto ghanéen a gagné du terrain et, désormais, certains propriétaires de boutiques Lonaci proposent également la loterie illégale du Ghana.

On voit bien à quel point les limites sont confuses et les circulations de plus en plus denses, mais ces processus occultent aussi la prépondérance des régulations étatiques qui continuent de modeler fortement les pratiques.

Document 5. Localisation des centres de jeux de la loterie nationale au Bénin : effets de frontière et d’agglomération

carte du Bénin loterie nationale

Les 24 centres de jeux de la LNB ont été localisés à partir de sa page Facebook. Outre un loto, la LNB propose des paris sportifs et notamment hippiques. La localisation des centres reflète la répartition de la population mais aussi des effets de frontière, à l’ouest dans la bande littorale qui longe le territoire togolais et à l’est à « 100 m de la frontière avec le Nigeria » (les citations reportées sur la cartes sont extraites de la page Facebook de la LNB).

 

2. Frontières et limites : se jouer des différences

Les jeux d’argent instruisent une géographie politique et économique multiscalaire, articulant le local au global mais reposant toujours sur le principe de la dérogation : où autoriser ? où demeurer dans l’interdiction ? La dimension territoriale et la question des limites territoriales sont donc structurantes dans la mise en place des différentes formes de jeux d’argent. 

2.1. Exploiter les différentiels

Se jouer des différentes législations et bénéficier des effets de frontière est une des constantes de l’implantation des lieux de jeu tels que les casinos. L’histoire de Las Vegas est sur ce point éclairante. Bénéficiant d’une législation permissive en matière de jeux d’argents (légalisés en 1931) et de prostitution (1937), l’État du Nevada exploite, depuis les années 1930, sa proximité avec la Californie, beaucoup moins permissive mais riche et très peuplée (40 millions d’habitants, plus que le Canada entier). Aussi, avant d’être promue au rang de destination touristique internationale dans les années 1990, Los Angeles offrait 80 % de la clientèle des casinos de Las Vegas, tandis que ceux de Reno et Carson City continuent d’attirer une clientèle en provenance du nord de la Californie et de l’agglomération de San Francisco. Attirer, par un dumping fiscal et réglementaire, un certain nombres d’activités et de consommateurs californiens (productions cinématographiques, entreprises de hautes-technologies, consommateurs de cannabis…) est aujourd’hui la stratégie déployée par Las Vegas pour assurer sa croissance (Grondeau, Lebeau, 2018). En construisant un stade de 72 000 places, la ville a ainsi récemment obtenu le transfert de l’équipe de football américain des raiders d’Oakland.

C’est aussi sur l’effet de différentiel que se fonde la présence d’une vingtaine de casinos dans la partie nord de l’île de Chypre. Loin de les mettre en avant, les brochures touristiques produites par le ministère du Tourisme de ce territoire de 265 000 habitants les occultent. Les casinos y fonctionnent en effet comme des enclaves, avec des capitaux, du personnel et des joueurs exogènes qui font de la RTCN (République turque de Chypre du Nord) une aire de jeu de la Turquie, pays où les jeux d’argent sont interdits depuis 1997. La RTCN peut apparaître comme un État « fantoche » où le contrôle de l’économie des jeux par des acteurs allogènes est vécu par la majorité de la population comme une autre forme d’occupation, en sus de la massive présence militaire : plus de 30 000 soldats turcs sont présents sur un territoire de moins de 3 500 km² avec un peu plus de 300 000 habitants, et au moins 100 000 « continentaux ». « Ici, ce n’est pas l’État qui contrôle les casinos mais les casinos qui contrôlent l’État » déclarait un Chypriote du nord interrogé lors de nos enquêtes.

Document 6. Casinos en République turque de Chypre du Nord

Le « mafia bar » : arborant les drapeaux turc et nord-chypriote, qui ne vont jamais l’un sans l’autre dans ce territoire fantoche, un bar de fortune au nom ironique. Cliché : Marie Redon, 2013.

Vu de loin (photo de gauche, au centre, le seul bâtiment qui se détache sur la mer), et de plus près, le massif hôtel-casino Cratos (5 étoiles), sur la côte nord de l’île de Chypre, dans le territoire de la RTCN. Localisation : Google Maps | OpenStreetMap. Cliché : Marie Redon, 2013.

L’existence de combinaisons « vol + hôtel-casinos » à destination des touristes turcs qui viennent massivement jouer en RTCN le week-end institutionnalise ce lien touristique imposé. S’il est difficile d’évaluer avec précision les interactions entre ce monde du jour et celui de la nuit, le personnel des casinos comme des night clubs (en réalité des maisons closes) est majoritairement « importé » ; par un processus d’agrégation d’activités interlopes, le jeu attire souvent « géographiquement » la prostitution, le blanchiment… Les établissements sont de grandes voire très grandes capacités (plus de 800 chambres pour certains hôtels-casinos comme le Cratos) et souvent de grand standing (5 étoiles pour le Merit ou le Rocks à Kyrenia). Les gérants ont souvent des expériences dans des hauts lieux des casinos : Las Vegas, Macao, Monaco, etc. Ce territoire, notamment le littoral nord, apparaît donc comme une pratique aire de jeu pour les Turcs qui viennent passer un week-end à jouer, sans besoin de visa ou de passeport. La tendance à une rigidité accrue du régime d’Ankara rend d’autant plus dynamique cette zone grise qui fait partie de l’Union européenne tandis que la dimension insulaire immunise la Turquie continentale de la menace de désordre sous-jacent ; la RTCN fonctionne comme un simple réceptacle, aux corps défendant de ses habitants impuissants.

À côté des casinos, des deux côtés de la frontière, il existe aussi de nombreux clubs de paris qui ne visent pas le même public : il s’agit d’attirer une clientèle locale, surtout de jeunes hommes. En RTCN, plusieurs personnes enquêtées déplorent l’ouverture de ces clubs qui attirent surtout les jeunes, locaux et étudiants. On en trouve plusieurs situés face à la grande université de Famagusta, l’enseignement supérieur étant un autre levier de l’économie de la RTCN ; les étudiants originaires de plus de 60 pays comme la Turquie, l’Iran, l’Irak, le Cameroun, le Tchad, ou encore le Pakistan, vont y parier. Une forme de mondialisation socioculturelle se joue devant les écrans : les paris sportifs rassemblent dans les mêmes lieux, sans qu’il s’agisse pour autant de convivialité. En effet, d’après nos observations, chacun mise pour soi et le partage n’est la norme ni dans les sommes engagées, ni dans les commentaires sur les événements sportifs qui en font l’objet. Ces clubs de paris se développent dans de nombreux pays comme le Bénin ou le Timor oriental, et viennent compléter l’offre de jeux en ligne : on peut y parier sur divers types d’événements sportifs, des courses de lévriers aux matchs de basket, mais aussi sur du virtuel.

Document 7. Clubs de paris au nord et au sud de la ligne verte chypriote
Clubs de paris aux couleurs vertes en République turque de Chypre du Nord et aux couleurs de l’euro à Chypre (du sud). Clichés : Marie Redon, 2016.

Parfois, les mêmes propriétaires possèdent casino et clubs de paris : c’est le cas du puissant groupe Arkin qui gère une dizaine de clubs et le plus bel hôtel-casino de la ville de Famagusta, mais aussi un golf en Angleterre, des voiliers, et plus récemment des intérêts en joint-venture en Irak qui semblent liés à une société d'intelligence stratégique. Du côté Sud de la ligne verte, la société britannique Stanleybet, issue d’une société créée à Belfast en 1958, est implantée depuis 2006 et compte 21 clubs dans les différentes villes du pays. Elle est aussi présente au Danemark, en Allemagne, en Belgique, en Croatie, Italie et Roumanie avec environ 2 000 clubs et 3 000 employés d’après son site internet qui met sensiblement en évidence la transparence et la responsabilité de la gestion de l’entreprise, dans le respect des régulations européennes. Les acteurs exogènes sont différents mais le principe est le même dans les deux parties de l’île : des clients locaux d’une part, des sociétés étrangères d’autre part et, entre eux, d’intenses flux de données et d’argent, parfois avec des logiques offshore.

2.2. Des logiques offshore

Depuis la fin des années 1990, les casinos en ligne et les sites enregistrant des paris sportifs non licenciés, c’est-à-dire non autorisés, foisonnent dans des pays à faible régulation ou dans des États ou territoires insulaires : ce sont là les pôles du réseau global des jeux en ligne.

Pour certains territoires, l’accueil de services de jeux en ligne est devenu l’enjeu de véritables stratégies économiques nationales. Chaque jour, des sites de jeux en ligne apparaissent et disparaissent et proposent leurs produits au monde entier en faisant fi des frontières physiques et des réglementations nationales, d’où les tentatives de régulation (voir citation ci-dessous). Délimiter et organiser des territoires du jeu d’argent représente une manne financière, plus ou moins importante selon les territoires, mais parfois structurante quand il s’agit de Malte ou de Gibraltar, paradis fiscaux des jeux en ligne. Aborder les jeux d’argent par la géographie apporte un éclairage spécifique à la complexité d’une mondialisation qui agit autant comme un processus de convergence que de différenciation du monde. 

 

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Le réseau contre les frontières, l’impossible contrôle des jeux en ligne ?

« Le Parlement européen prétend [sic] que les jeux d'argent et de hasard en ligne constituent une forme d'exploitation commerciale du sport et que, alors que le secteur se développe constamment au rythme des innovations technologiques, les États membres éprouvent des difficultés pour contrôler le secteur des jeux d'argent et de hasard en ligne du fait de la nature spécifique de l'internet, ce qui comporte le risque d'encourager les violations des droits des consommateurs et expose le secteur à des enquêtes dans le contexte de la lutte contre le crime organisé. »

Résolution du 10 septembre 2013 sur les jeux d'argent.

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Plusieurs dizaines de sociétés de paris sportifs et de jeux de casino opèrent dans le micro-territoire gibraltarien qui fait partie des British Overseas Territories (BOTs), ou United Kingdom Overseas Territories (UKOTs), et, à ce titre, faisait partie de l'Union européenne mais en bénéficiant d’un statut spécial, non soumis à l'obligation de prélever la TVA et non membre de l’union douanière. C’est donc grâce à une régulation et une fiscalité avantageuses que le secteur des jeux en ligne s’y est déployé, jusqu’à (semble-t-il, les sources sont peu accessibles) employer plus d’un travailleur sur dix, et représenter plus d’un tiers du PIB.

Au moment des reconfigurations liées au Brexit, les Gibraltariens, qui s’étaient massivement opposés à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, se sont donc trouvés en situation de porte-à-faux. Le gouvernement du territoire avait affirmé qu’il ferait tout pour rester leader dans le secteur des jeux d’argent en ligne malgré l’évolution statutaire après des fermetures de bureaux dans le territoire. Or, s’il est encore trop tôt pour bien mesurer les conséquences du Brexit, on observe déjà un déplacement des capitaux vers les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla. En effet, un accord sur la fiscalité et la protection des intérêts financiers entre l'Espagne et le Royaume-Uni en ce qui concerne Gibraltar a été signé et est entré en vigueur, établissant que les entités juridiques constituées et gérées à Gibraltar auront leur résidence fiscale en Espagne. Dans ce nouveau contexte, les villes autonomes de Ceuta et Melilla font non seulement partie du territoire espagnol depuis la fin du XVIe siècle, mais offrent un régime fiscal comparativement très avantageux, donc une alternative pour le développement des entreprises du secteur de jeux. Betway et Juegos España y ont par exemple déjà déménagé leurs bureaux, d’autant que ces territoires incitent fiscalement, d’après la magazine espagnol Atalayar, à la fois les entreprises (taux d'imposition effectif de 12,5 % ce qui est même inférieur à Malte où il est de 20 %) et leurs employés (abattement de l’ordre de 60 % pour l’imposition sur les revenus). La logique d’optimisation fiscale montre bien la mue progressive de petits territoires en paradis fiscaux des jeux, toujours en utilisant les différentiels liés aux limites administratives.

L’implantation de casinos dans les républiques baltes dans les années 1990 est étroitement dictée par le contexte géopolitique. Les régimes libéraux qui prennent le pouvoir en 1991 bénéficient alors d’avantages géopolitiques pour mettre en place une politique permissive en matière de jeux. Coincés entre une Russie fermement opposée aux jeux d’argent (exceptée dans l’enclave de Kaliningrad) et des pays européens aux législations contraignantes, les pays baltes font rapidement figure d’eldorado pour les acteurs locaux qui vont y développer une offre substantielle de casinos, mais aussi pour de nombreuses sociétés européennes qui y hébergent des sites de pari en ligne. Avec plus de 90 casinos, Tallin qui se situe à 5 h de route de St-Pétersbourg et 1 h de navigation d’Helsinki (un seul casino) devient alors une des capitales du jeu, ainsi qu’une des villes européennes les plus courues pour le poker. Cette profusion des jeux a poussé les autorités européennes à intervenir pour exiger une plus stricte réglementation des jeux. L’Estonia gambling act adopté en 2008 posait ainsi les bases d’une meilleure prévention des comportements addictifs chez les mineurs, la délivrance de licences par les autorités fiscales, une redevance mensuelle sur les machines à sous, ainsi qu’une taxe de 5 % sur les profits. Ces mesures semblent néanmoins bien dérisoires face aux contraintes que connaissent les opérateurs de jeux dans la plupart des autres pays européens.

Conclusion : le rôle des États est encore fort, y compris quand il s'agit de déréguler

On voit bien que tracer une ligne parfaitement imperméable entre ce qui relève de la légalité et de l’illégalité relève de la gageure dans ce secteur des jeux d’argent, comme dans bien d’autres, en pleine expansion. D’une part, les lieux de jeu comme les casinos et les clubs de paris, qui se développent et se multiplient, d’autre part, les jeux en ligne connaissent des taux de croissance à deux chiffres par une convergence de facteurs (connectivité croissante, légalisation des jeux d’argent, sophistication accrue des types de jeux en ligne, marketing offensif, plus grande confiance dans les plateformes de jeux en ligne, engouement pour les paris sportifs). Si le support même des nouvelles technologies et la numérisation des jeux d’argent réduisent le contrôle sur les barrières étatiques et facilitent l’entrée de nouveaux acteurs sur le marché, le rôle des limites, des frontières, des réglementations en leur sein reste déterminant. Ce sont ces logiques spatiales, avec hauts-lieux et zones d’ombre, qui permettent de voir se déployer une géographie et une géopolitique des jeux d’argent, dans un contexte de rapport globalement peu moralisateur à ces pratiques, devenues un loisir comme un autre, et rapportant beaucoup aux acteurs du secteur, ainsi qu’aux États.


Bibliographie

Mots-clés

Retrouvez les mots-clés de cet article dans le glossaire : acteurs spatiaux | différentiel (exploitation du) | informalitéfootball frontières logiques réticulaires | mondialisation | offshore.

 

 

Boris LEBEAU
Maître de conférences en géographie, Université Sorbonne Paris Nord, Laboratoire Pléiade

Marie REDON
Maîtresse de conférences HDR en géographie, Université Sorbonne Paris Nord, Laboratoire Pléiade

 

 

Édition et mise en web : Jean-Benoît Bouron

Pour citer cet article :

Boris Lebeau et Marie Redon, « Géopolitique des jeux d'argent : la mondialisation sur le tapis », Géoconfluences, février 2022.
URL : https://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-thematiques/inegalites/articles/geopolitique-des-jeux-d-argent

Pour citer cet article :  

Boris Lebeau et Marie Redon, « Géopolitique des jeux d'argent : la mondialisation sur le tapis », Géoconfluences, février 2022.
https://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-thematiques/inegalites/articles/geopolitique-des-jeux-d-argent