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Biodiversité

Publié le 17/09/2024
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>>> Voir aussi : biodiversité en France, outils législatifs

Le terme biodiversité a été proposé par le biologiste américain Wilson en 1987. Le concept s'est rapidement diffusé dans les milieux politiques et a été repris lors de la conférence de Rio (1992). La biodiversité regroupe la diversité des formes du vivant, végétales et animales, y compris dans ses manifestations non répertoriées par la science. La biodiversité ou richesse biologique d'un territoire, est généralement exprimée par le nombre d'espèces (ou de communautés) d'êtres vivants par unité de surface (indice de biodiversité). Elle dépend de la variété, de la connectivité et de la fragmentation des habitats ainsi que des pressions exercées par le milieu et par les humains. La biodiversité inclut toutes les formes de vie, les processus, les voies et les cycles qui lient les organismes vivants dans les populations, les écosystèmes et les paysages. Elle est sensible aux effets de l'activité humaine. Les naturalistes distinguent trois niveaux de biodiversité : génétique, spécifique et écosystémique. Les géographes y ajoutent la biodiversité paysagère.

Aujourd'hui, le nombre des espèces (biodiversité spécifique) végétales et animales vivantes, connues et décrites, s'élèverait à environ 1,8 million. Mais, dès lors que l'on tient compte des plus petits invertébrés, 15 millions (ordre de grandeur) resteraient à découvrir, estimation sujette à débats et à révisions : la métaphore de l’iceberg est alors couramment utilisée. L'érosion de cette biodiversité, à l'estimation délicate et fluctuante (on constate de gros écarts entre les estimations des experts selon les modèles utilisés), est une préoccupation contemporaine particulièrement focalisée sur des milieux sensibles : maritimes et littoraux, forestiers, etc.

Le souci de préservation de la biodiversité est, à l'origine, une préoccupation de naturalistes (écologistes, biologistes, etc.). Mais les mesures qui en découlent (aires protégées, réglementations diverses), à différents niveaux d'échelle (du local à l'international), doivent être prises en compte dans les politiques d'aménagement des territoires et d'utilisation de l'espace. Les enjeux de la préservation de la biodiversité ne sont pas strictement patrimoniaux. Ils sont aussi scientifiques et économiques : c'est souvent grâce à cette biodiversité que le communauté scientifique trouve des molécules ou des mécanismes biologiques susceptibles d'avoir des applications dans des domaines variés (médecine, alimentation, robotique par exemple). Au demeurant, ces perspectives posent le problème des droits sur le « brevetage du vivant ».

Un groupe intergouvernemental d'experts sur la biodiversité et les services écosystémiques (Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services / IPBES) aurait dû être constitué, à l'horizon 2010 (l’idée avait été approuvée à l'ONU en mai 2008), sous l'égide du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE / PNUD), sur le modèle du GIEC pour le climat. Les difficultés du GIEC à la suite de la conférence de Copenhague ont, au minimum, retardé cette perspective, et la création de l’IPBES est confrontée à de nombreux blocages, dont les réticences de certains pays émergents ou précaires craignant une ingérence des pays favorisés dans la gestion de leur patrimoine naturel et de leurs approvisionnements.

Les principales enceintes pour des négociations internationales concrètes sur la biodiversité sont des organisations régionales (pour la gestion des pêches, à l'échelle de sous-bassins océaniques par exemple) et la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction, également nommée convention de Washington) dont l'efficacité est très inégale, ses leviers d'action, comme son intitulé l'indique, étant avant tout commerciaux. Or, les enjeux financiers, pour des espèces telles que le thon rouge, les coraux, les requins, etc., sont considérables, alors que leur valeur ne cesse d'augmenter sous la pression d'une demande asiatique, entre autre, en très forte croissance. Les situations sont contradictoires et les intérêts s'affrontent entre pays développés, ayant déjà largement prélevé sur leur propre patrimoine biologique et sur celui de la planète, et les autres, pays émergents et autres pays du Sud qui aspirent au même niveau de développement.

 
Encadré 1. Biodiversité en Méditerranée

Zone refuge au cours des grandes glaciations quaternaires, la Méditerranée est une aire de grande biodiversité : avec 25 000 espèces de phanérogames, elle abrite 10% des plantes à fleurs du monde entier, sur moins de 2% de la surface de la Terre. Le nombre d’espèces endémiques (environ 13 000, soit la moitié de la flore totale méditerranéenne) est très élevé, ce qui en fait la deuxième région du monde pour la richesse en plantes à fleurs endémiques.

Néanmoins, la fragmentation voire la disparition de certains habitats constitue aujourd’hui une sérieuse menace pour la survie de beaucoup d’espèces. Environ 5 000 espèces de plantes méditerranéennes (17% de la flore totale) sont classées comme menacées, rares ou vulnérables par l’Union mondiale pour la conservation de la nature (IUCN) et sont inscrites sur la liste rouge des plantes en voie de disparition. L'ensemble du bassin méditerranéen est donc considéré comme un point chaud de la biodiversité par l'ONG Conservation International.

Dans l’UE, 80 % des plantes d’intérêt communautaire concernées par la Directive Habitats sont présentes dans les pays méditerranéens. Les écosystèmes formés par les milieux aquatiques, les zones humides, les espaces deltaïques, y sont particulièrement fragiles, surtout au sud : longtemps considérés comme des zones insalubres, leur valeur écologique est davantage reconnue aujourd’hui.

Les richesses faunistique et floristique de la mer Méditerranée sont menacées par les effets de la pollution et par la pression sur les ressources. Ainsi, ne subsistent plus que quelques individus de phoques moines (Monachus monachus), dans la mer Égée et sur les côtes du Maghreb où ils étaient autrefois très fréquents. Les peuplements de dauphin et de marsouin communs ont connu de sensibles régressions. Les pollutions et, surtout, la pêche des espèces pélagiques au filet dérivant, entraînent une régression sensible des peuplements naturels qu’il faut désormais strictement protéger pour en assurer la survie.

Notons enfin que de nombreuses espèces tropicales de la mer Rouge ont envahi la Méditerranée depuis l’ouverture du canal de Suez : l’atlas des espèces exotiques publié par la Commission internationale pour l’exploration scientifique en Méditerranée (CIESM) a répertorié 400 espèces tropicales inconnues au début du XXe siècle. Le réchauffement des eaux de la planète et l’augmentation du trafic maritime ont entraîné une accélération des introductions : de nouvelles espèces, venant aussi des eaux caribéennes via le détroit de Gibraltar, amènent des transformations de la biodiversité en Méditerranée : les espèces introduites peuvent dominer, voire supplanter, les résidentes.

(ST)

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(ST) Dernières modifications : (JBB), mai 2017, mars 2023 


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