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Système agricole breton, modèle breton

Publié le 26/09/2023
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Le système agricole breton est un système de production agricole fondé sur l'intensification et l'hyperspécialisation de l'agriculture et de l'élevage et sur l'intégration horizontale et verticale de l'économie agricole. On l'appelle également modèle breton en raison de sa reproductibilité, notamment dans d'autres régions de l'Ouest de la France (Pays-de-la-Loire principalement).

Il s’agit de la transformation, en quelques décennies après la Seconde Guerre mondiale, d’une agriculture traditionnelle presque vivrière en une agriculture industrielle exportatrice. Le système breton a reposé sur d’importants efforts de l’État (avec notamment le plan routier breton pour désenclaver la région dans les années 1970), et sur l’implication des acteurs régionaux (chambres d’agriculture, entrepreneurs locaux et syndicats agricoles, catholiques notamment avec le rôle de la Jeunesse Agricole Chrétienne ou JAC). Il s’inscrit aussi dans une logique européenne avec l’importation de pratiques venues des Pays-Bas (marchés au cadran), ou de races animales sélectionnées pour leur productivité (la prim’holstein remplaçant par exemple la bretonne pie noire, dans l’élevage laitier).

Le modèle breton repose sur la constitution d’une filière agroindustrielle fonctionnant comme un espace productif à l'échelle régionale : en amont on trouve les semenciers, les centres d’insémination, l’importation de tourteaux de soja via les ports bretons, les banques (Crédit agricole) ; en aval, les conserveries, les usines de conditionnement, les abattoirs et une exportation d’une partie de la production hors UE (volailles vers les marchés d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient par exemple).

Le système agricole breton, s’il a permis une modernisation agricole impensable avant sa réalisation, a aussi atteint ses limites :

  • Des dégradations environnementales aujourd’hui avérées : la plus connue est la pollution aux nitrates qui rend l’eau des nappes impropres à la consommation humaine, et qui déclenche régulièrement des marées d’algues vertes sur les côtes bretonnes (voir eutrophisation). Mais le système breton a aussi reposé sur un remembrement massif, dont on sait aujourd’hui qu’il est la cause d’un effondrement de la biodiversité dans les campagnes (en association avec l’usage massif, pendant des décennies, de produits phytosanitaires. La débocagisation, ou disparition du bocage, entraîne une érosion des sols tout en diminuant la rétention des eaux de pluie, ce qui peut provoquer des inondations.
  • Des conditions sociales qui se sont dégradées avec la concentration économique des acteurs agricoles : en théorie, l’agriculteur ou l’agricultrice est autonome et libre de ses choix. Dans la pratique, il est lié par contrat à de puissants groupes industriels, souvent des coopératives devenues des sociétés anonymes. De plus, la modernisation a impliqué des investissements considérables qui l’ont condamné à s’endetter. Il est donc très difficile de sortir du « modèle » sans un changement à l’échelle de tout le système.

Des jeunes agriculteurs et agricultrices conscients des dérives environnementales, économiques et sociales du système, tentent aujourd'hui de le faire évoluer par une conversion à l'agriculture biologique ou l'insertion dans les circuits courts (AMAP, vente directe).

(JBB) janvier 2023.


Pour compléter avec Géoconfluences
Pour aller plus loin
  • Sur le scandale des algues vertes, lire l'enquête d'Inès Leraud illustrée par Pierre van Hove dans la bande-dessinée Algues vertes. L'histoire interdite (Delcourt, 2019).
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