[Sur Géoconfluences] La Méditerranée (ENS Paris 2025). Ressources classées

Concours A/L et B/L 2025

La Méditerranée

Le nouveau programme est une question de géographie régionale intitulée « La Méditerranée ».

« La Méditerranée » désigne d'abord la mer qui s'étend d'est en ouest du détroit des Dardanelles au détroit de Gibraltar, du nord au sud des côtes européennes aux côtes africaines. La Méditerranée désigne ensuite une région du monde, constituée par les espaces terrestres qui bordent la mer Méditerranée et sont sous son influence. La Méditerranée est donc entendue au-delà de la mer, comme une région aux contours flous. Le programme se limitera aux îles et régions littorales des États qui bordent la mer Méditerranée (Albanie, Algérie, Bosnie-Herzégovine, Chypre, Croatie, Égypte, Espagne, État palestinien, France, Grèce, Israël, Italie, Liban, Libye, Malte, Maroc, Monténégro, Slovénie, Syrie, Tunisie, Turquie). Néanmoins, du fait de la place et de l'histoire de la Méditerranée dans la mondialisation et des échanges qu'entretiennent ces territoires avec leurs voisins non riverains de la mer Méditerranée, il est attendu des candidats qu'ils sachent inscrire les phénomènes et espaces méditerranéens dans les échelles d'analyse pertinentes, qui peuvent déborder la limite fixée ici.

Couvrant une superficie d’environ 2,5 millions de kilomètres carrés, la mer Méditerranée constitue un écosystème maritime spécifique qui connaît une forte pression anthropique du fait de la densité du peuplement et des activités sur son littoral, de l'intensité de la navigation à sa surface et de l'exploitation de ses ressources. Le climat méditerranéen, caractérisé par des étés chauds et secs et des hivers doux et humides, est affecté par le changement climatique global qui impacte les environnements méditerranéens, particulièrement sujets aux risques (incendies, sécheresses, inondations, etc.). La mer Méditerranée communique avec l’océan Atlantique, la mer Noire et la mer Rouge et constitue un carrefour important de la mondialisation contemporaine. Les ports constituent les nœuds de ce réseau qui connecte la Méditerranée au Monde. Cette mer intercontinentale est une interface active pour les échanges humains, matériels et immatériels entre les territoires qui la bordent. Les paysages, urbains comme ruraux, constituent la trace visible de l’ancienneté et de la densité des interactions, malgré la fragmentation politique contemporaine de cet espace et les spécificités locales et nationales. Cet espace est le théâtre de conflits et de tensions, notamment pour la délimitation des zones économiques exclusives et l'accès aux ressources, mais aussi de coopérations, notamment à travers différentes organisations régionales, comme l'Union pour la Méditerranée ou la zone euro-méditerranéenne de libre-échange.

Ainsi, le programme permet d'aborder la Méditerranée dans son unité et sa diversité, selon les différentes approches de la géographie ; il s'agit d'en saisir la diversité géographique tout en considérant l'unité de l'ensemble. Au prisme de l'environnement, le programme interroge les environnements maritimes et terrestres en climat méditerranéen dans un contexte de changement global, les risques, les ressources et les aménagements de l'environnement méditerranéen. Il invite les candidats à prêter attention aux populations des pays riverains, aux dynamiques démographiques qu’elles connaissent, aux inégalités socio-spatiales, aux mobilités et aux migrations, ainsi qu’aux pratiques liées à la mer. Les candidats devront interroger le rôle et la place de la mer Méditerranée dans les économies locales, régionales et mondiales (pêche, tourisme, commerce, énergies, etc.) mais plus largement, la dimension spatiale des systèmes productifs méditerranéens. Les organisations supranationales dans leur dimension géographique (politique de voisinage de l'Union européenne, coopérations internationales), la géographie des conflits et des coopérations qui animent l'espace méditerranéen sont aussi au cœur des enjeux du programme. Ces thématiques pourront être analysées selon les différents types d'espaces (urbains, ruraux, littoraux, montagneux, etc.) et à toutes les échelles spatiales et temporelles.

Cette question de géographie régionale invite les candidats à développer une approche transnationale et connectée de la Méditerranée. Plusieurs phénomènes peuvent être analysés dans ce sens :

• les échanges, circulations et réseaux qui trament la Méditerranée, connectent les espaces et connectent la Méditerranée au reste du Monde ;
• les changements globaux qui affectent l’écosystème de la mer Méditerranée et les environnements méditerranéens ;
• les inégalités territoriales entre les espaces qui composent la Méditerranée et les trajectoires de convergence ou divergence des territoires ;
• les organisations sociales transnationales telles que les diasporas ou les mobilités saisonnières ;
• les systèmes productifs méditerranéens et leurs mutations ;
• les phénomènes politiques et culturels transnationaux tels que les mouvements sociaux, les productions culturelles, les langues, les croyances et les idéologies.

Enfin, la Méditerranée pose un problème de géographie générale, la régionalisation de l'espace, qui consiste à découper le Monde en régions. La Méditerranée est traversée par plusieurs découpages classiques du Monde. Les limites entre les continents (Europe, Afrique, Asie), la limite Nord-Sud entre les niveaux de développement, les limites des régions historiques (Maghreb, Machrek, Proche et Moyen-Orient, Balkans, etc.) ou des civilisations (Huntington) ont un rôle fondamental dans l'organisation des savoirs géographiques et dans les représentations qu'ont les acteurs de ces espaces. Il s'agit d'en développer une analyse critique en considérant la relativité de ces découpages selon les critères de régionalisation (région homogène, région fonctionnelle, région institutionnelle) et les phénomènes observés, en considérant leur historicité et en discutant leur pertinence pour l'analyse géographique.

Les prises de position personnelles et les points de vue militants sont à éviter. Le jury valorisera les productions graphiques pertinentes et de qualité.