Introduction. Espaces de l'école, l'espace à l'école
Florence Nussbaum, maîtresse de conférences en géographie - université Jean-Moulin Lyon 3
Géoconfluences est depuis 2002 un lieu original dans le paysage éditorial géographique francophone. Notre site, copiloté par un département du ministère de l’Éducation nationale, la DGESCO, et un établissement d’enseignement supérieur, l’École normale supérieure de Lyon, est une passerelle entre les savoirs universitaires et la recherche en géographie d’un côté, et la géographie enseignée dans les salles de classe de l’autre. Notre site a été pensé comme la confluence de ces deux types de savoirs géographiques, et le lectorat auquel s’adresse prioritairement Géoconfluences est formé par les enseignants et enseignantes, c’est-à-dire par celles et ceux qui pratiquent au quotidien cet exercice consistant à transformer des savoirs scientifiques en savoirs scolaires.
Si le site a pour vocation de publier des articles scientifiques et non des ressources utilisables directement en classe ou des scénarios pédagogiques (ressources qu’on trouve facilement par ailleurs sur les sites ministériels ou académiques), la classe, l’école et la géographie scolaire sont présentes dès les origines du site et dans de nombreux articles. Les cadrages scientifiques et pédagogiques sont corédigés par des universitaires et des membres du corps d’inspection. Les pratiques dans la classe sont présentes au détour de plusieurs articles. Les rubriques « savoir-faire » ou « géographie appliquée » de certains dossiers visent à proposer des pistes de mise en pratique dans la classe.
Il nous a semblé qu’on pouvait aller plus loin en ouvrant un espace dédié à l’exploration de l’ensemble des relations entre la discipline géographique et l’institution scolaire. Il s’agit à la fois de se demander ce que la géographie peut apporter à la compréhension de l’école d’une part, et ce que la géographie peut permettre d’apprendre, dans le cadre scolaire, d’autre part. C’est la raison de ce dossier double, sur deux thématiques très différentes mais qui se répondent : géographie de l’école, géographie à l’école. Les articles que nous avons reçus et que nous sommes fiers de publier dans ce dossier témoignent de sa pertinence. Chacun d’entre eux éclaire sous un jour particulier l’importance de la géographie pour comprendre l’école et l’importance de l’enseignement de la géographie pour comprendre le monde.
Dans la partie « géographie de l’école », Emmanuelle Gilles documente les rapports de genre dans le temps de la récréation (et du repas au réfectoire) au collège. Pascal Clerc identifie quatre modèles dans les relations des établissements scolaires à leurs environnements spatiaux : le monastère, l’agora, la forteresse et le nœud d’échanges. Romain Guillemard s'interroge sur l'influence des stéréotypes de lieu sur les élèves des espaces ruraux et leurs choix d'orientation. Guilhem Labinal et Didier Mendibil s'intéressent à la question de la distance en lien avec l'agencement des lieux au sein de la classe et Sylvie Joublot-Ferré analyse les spatialités des adolescents entre mobilité et attachement à différents lieux, notamment leur établisszment scolaire. Paul Bourel s'interroge sur ce qui construit la réputation dans les collèges des quartiers populaires.
Dans la partie « géographie à l’école », Julie Bidi s’appuie sur un album de littérature jeunesse pour analyser la notion d’habiter au cycle 3. Florian Pons présente un projet mettant en œuvre la démarche prospective dans un quartier de Lyon en sixième. Jean-François Thémines propose une analyse sur la place du récit dans la recherche en géographie. Pierre Colin analyse le programme de seconde professionnelle sous l'angle des questions socialement vives en géographie. Un collectif de recherche, le groupe Géodusocle, nous livre les résultats d'une vaste enquête impliquant plus d'un millier d'élèves pour faire le point sur les acquisitions de savoirs et de savoir-faire en géographie du cours moyen à la troisième. Yannick Clavé replace la création de l'agrégation de géographie dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale et, à travers les archives de Vichy, nous fait entrer dans la fabrique d'un concours. Un texte de Jean-Benoît Bouron et Nathalie Reveyaz propose de réfléchir à la façon d'enseigner les aires urbaines en France, objet géographique inscrit au programme de la classe de troisième. Un texte, par les mêmes auteurs, s'intéresse à la notion de système et d'espace productif, enseignée notamment en troisième et en première. Pascal Clerc revient sur un moment de l'histoire de la géographie avec l'institutionnalisation de la géographie coloniale comme branche majeure de la discipline jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Caroline Leininger-Frézal et Cédric Naudet donnent des pistes pour enseigner la géographie à partir de l'expérience spatiale des élèves ou des étudiants.
Ce dossier a été ouvert en janvier 2021 et sera régulièrement complété.
Tous les articles de ce dossier ont fait l'objet d'une double relecture, éditoriale et scientifique.
Dernière mise à jour : mai 2024.
Jean-Benoît BOURON
Responsable éditorial de Géoconfluences
Florence NUSSBAUM
Responsable scientifique de Géoconfluences
Pour citer cet article :
Jean-Benoît Bouron et Florence Nussbaum, « Introduction. Espaces de l'école, l'espace à l'école », Géoconfluences, janvier 2021.
https://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-thematiques/geographie-espaces-scolaires/introduction